Corse 2003: Rando nature autour de Calvi

Carte de notre itinéraire
Quelques photos

Préambule

Si nous avons décidé de partir pour la Corse, c’est un peu de la faute de Vincent qui avait vu des photos de l’île et qui en rêvait. C’est aussi parce que Céline s’est laissé tenter et qu’ensemble ils ont pensé à nous inviter pour randonner. Nono a dit oui et je me suis laissé prendre au jeu d’un itinéraire à construire. Ainsi nous voilà réunis pour la première fois tous les quatre le premier janvier 2003 à rêver d’un voyage lorsque le soleil de printemps aura refait son apparition. Suivrons quelques coups de téléphone pour mettre au point les préparatifs. Puis, c’est la veille du départ et son lot de questions : N’a-t-on pas oublié le petit truc indispensable ? Réussira-t-on a porter un sac aussi lourd pendant une semaine ?

26-04-2003

Réveil à 5h00. Il est déjà 6 heure et nous quittons Grenoble, le coffre de BTM (la 206 de Nono) plein de nos deux sacs contenant les vivres de deux journées et le repas de ce soir. La route est belle au début. Puis l’horaire à tenir et les trop nombreux virages nous obligent à nous concentrer, surtout sur les directions aux portes de Nice. Nous arrivons finalement au rendez-vous fixé devant le collège à 11h40. Céline et Vincent sont attablés à la table d’un café et nous leur tombons dessus à l’improviste. Un grand merci à leur ami d’avoir demandé à son père les clefs de son garage pour y laisser BTM pendant la semaine.

Un peu de bus, un peu de marche et c’est la vision de l’énorme Méga Express. C’est ce bateau de Corsica Ferries, qui va nous transporter en 4 heures à Calvi. Un pique-nique frugal sur la digue, à contempler les " accropodes " et nous voilà à bord. Ce sont quatre heures de détente que nous passons à discuter autour des cartes, sur le pont, assis dans des transats à l’abri du vent. Puis c’est la ruée vers l’avant du bateau et notre première vision des montagnes derrière la baie de Calvi. Nous accostons et trouvons de suite le taxi commandé par portable depuis le bateau. Il est 17h45. Avec Vincent nous filons acheter du pain, une pellicule photo, qui nous vaudra un " ici, le beau temps c’est le bon dieu qui le décide " et deux brosse à dent. Le chauffeur a patiemment attendu que la queue diminue pour quitter le port. Nous roulons. Premier contact avec l’habitant. On reconnaît de suite l’intonation corse. Nous assisterons à un solennel " cabessa " accompagné d’un geste en signe de tête tranchée, à l’écoute du verdict d’un procès d’un détraqué à la radio. Arrivée à la cabane de Bonifatu à 19 heure et 35 euros de moins en poche. Le chauffeur nous fait bien comprendre qu’il s’en tient rigoureusement à ce qu’il avait annoncé. A 19h00 nous rencontrons nos premiers Cyclamen, cistes, arbousiers, asphodèles, céphalanthera longifolia et notre première source. Nous attaquons dans le raide direction " Bocca Bassana ". Peu de coin où planter la tente. Tant pis nous la plantons au milieu près d’un torrent et déjà les réchauds ronronnent quand la nuit tombe. Au lit vers 23h après s’être brossé les dents et avoir enfermé nos sac à dos dans de grands sacs poubelle pour les protéger. Un petit duc chante ;moi aussi. Pluie et réveil à 2 heure du matin. La tente de steph et nono n’est pas étanche. On écope. Je prends le premier quart. Nono s’endort et je sombre vers 3 heures quand la pluie cesse.

27-04-2003

8h00. Réveil tardif, les troupes avaient besoin de repos. Mise en route tout aussi pépère et décollage à 10h20. Notre première halte, perché sur des blocs de granit avec " taffonis " nous révèle la mer. Un joli chemin en forêt nous conduit à la Bocca, parmi les bruyères arborescentes et les chênes verts. Pendant cette montée très progressive on s’habitue au poids des sacs. Nono tombe nez à nez avec une morille qui améliorera le prochain repas de pâtes. Le repas est pris à l’abri du vent au col. Toujours cette vue sur la mer. Une courte descente suivie d’une longue traversée nous conduit à la Bocca di luca. Puis nous descendons sur le hameau de " Ponte-Tuarelli " et son gîte-camping. Lors de cette première journée nos sens étaient en éveil malgré la fatigue grandissante. Nous avons eu la joie de voir des pinsons des bois, un roitelet ( ?) deux limodorums abortivums, des hellébores ( ?) et plusieurs orobanches ( ?). Nous avons aussi entendu des cochons sauvages ou des sangliers, mais aussi deux italiens déchaînés qui nous en doublé en courant dans la descente.

Le pont et la rivière de Ponte-Tuarelli sont un enchantement. Nous nous posons les pieds dans l’eau de ce torrent bordé de murs granitiques. Malheureusemnt, notre rêve de camper au bord de l’eau est interrompu par la deuxième personne à qui nous demandons avec Vincent. C’est interdit de camper dans la vallée. Nous nous installons au gîte pour y planter la tente. Drôle de patron ici. Une ferrari est garée devant l’entrée et le patron nous accueille avec la tenue ad hoc. Nous payons de suite et réservons du pain pour le lendemain. La morille est sortie du sac et rejoindra les pâtes et la sauce champignon de ce soir. Après un montage express des tentes nous courons à la rivière pour une tentative de baignade. Les filles nous regardent faire, mais l’eau est trop froide. Vu une bergeronnette des ruisseaux sur les cailloux. Une vache erre dans le camping en meuglant pendant le repas. Dodo vers 22h00. Encore un petit duc. Etoiles au dessus de nos têtes par delà la moustiquaire.

Quelques phrases du jour :

Non tout à l’heure dans une heure (Steph)


 

28-04-2003

Levé à 7h30 (réveil). Petit déj et achat d’un demi pain. Départ à 9h30. Longue marche bucolique sur la route en direction des derniers hameaux de la commune de Monso. Vu des Neotineas maculatas et une orchis provincialis. Une découverte m’intrigue. S’agit-il d’un pied d’orchis collina (jamais vue en corse) ou d’une orchis papilionacea subsp. Papilionacea (présente uniquement en Corse en France). Je reste persuadé que le labelle était replié vers le bas (donc plutôt collina) …

Des petits veaux nous indiquent la fin de la route et le début de la piste à Barghiana. Un cimetière avec des caveaux jouxte l’église. Nous quittons la civilisation. Dernière vision, la factrice et son Kangoo jaune. Arrêt déjeuner à 13h00 au petit pont de pierre mentionné sur la carte 25 millième. Deux truites repérées par Vincent se mordent la queue. Repas copieux avec maquereaux, saucisson, pommes. Quelques km plus loin, en fond de vallée, nous attaquons la montée vers la " Bocca Capronale ". Il fait chaud. Heureusement il y a de l’ombre au début et nous croisons des ruisseaux. Joli chemin empierré et les pins larricio font leur apparition. La végétation se fait moins dense. Mais où passe donc ce chemin aussi large qu’une route ? Arrivé au col vers 17h00. Paysage rocheux de couleur rouge où se dessinent en ombres chinoises les silhouettes des pins lariccios. Descente sur le refuge " Puscaghia ". Nous sommes tout seul, le refuge est accueillant et le paysage se laisse regarder. Que demander d’autre ? Les vaches ? Elles sont là, tout autour. Un torrent ? Il est là aussi et nous accueille pour la lessive, le débarbouillage et les deux lignes que nous posons avec le faible espoir d’attraper quelque chose. Bref, que du bonheur, surtout lorsque nous prenons le repas au soleil couchant sur la table devant le refuge. Pour couronner le tout, il traîne un reste de chocolat praliné Lindt qui fait notre régal au dessert. Que de doux rêves nous allons faire bercés par le petit duc des environs. Couché à 22h20.

29-04-2003

Debout à 7h30, les vaches broutent déjà. Une longue journée nous attend pour essayer de tenir l’itinéraire ambitieux que j’avais imaginé de France. Petit déj sur la terrasse. Les lignes relevées n’ont rien pris. Le linge est sec. Un joli sentier pour commencer la journée au milieu des pins. Nous arrivons à la bergerie en ruine de Mazza. Nous cherchons un peu le sentier supérieur qui conduit au col  de Cuccavera. Bon choix. Il nous emmène près des falaises de granit truffées de taffonis. Des suintements de la roche abritent des grassettes. Nous faisons notre première rencontre depuis la factrice. Un solitaire barbu à crottes de nez et très poli qui semble tout autant ravi que nous d’être sur ce sentier peu couru. Vue impeccable sur le Monte Cinto enneigé. Descente avec vue sur la mer et louvoiement entre des dalles inclinées jusqu’à la Bocca Salto et sa cabane forestière. Vu de nombreuses mésanges noires et quelques grands corbeaux. Un site d’escalade avant le col me fait passablement baver d’envie. Repas derrière la maison forestière. Temps chaud. Vue sur la vallée d’Aïtone. Beaucoup demonde nous attend dans la descente jusqu’à Evisa. Surtout à la piscine naturelle où nous faisons une halte de ving minutes, pendant lesquelles Céline réussit presque à se baigner. C’est un beau sentier au milieu de parcelles aux murets de pierre qui nous emmène à Evisa. De nombreux panneaux expliquent la vie d’ici autrefois. Nous arrions en " ville " à 18h20. Vite les course dans l’une des deux épiceries et achat de notre premier fromage corse dans l’unique boutique pour touristes. On s’installe ensuite pour quelques heures à la terrasse d’un café. D’abord pour y boire et goûter et ensuite nous y prenons un repas (assiette de charcuterie et omelette au brucciu) lorsque nous avons des nouvelles de Rémi et Céline qui passerons nous chercher en voiture vers 21h00. On leur paye un verre et Rémi nous véhicule rapidement tout en grignotant son sandwich jusqu’au camping " les oliviers " que nous avons réservé au téléphone depuis le café. Résultat : tout le monde malade sauf Nono. On monte la tente à la frontale et dodo à 23h30.

30-04-2003

Chaleur insupportable au réveil à 8h00. Des bouffées de foen nous enveloppent. Douche pour tout le monde. Achat de pain au supermarché du coin puis tour à pied à la marina de Porto et sa tour génoise. On en profite tous pour acheter nos cartes postales. Pendant que nous les écrivons avec Nono, Vincent et Céline nous quittent pour commencer de l’auto-atop. Le concours est lancé. Nous remontons vers la route principale et Nono propose d’essayer dès à présent. C’est un succès. La première voiture s’arrête, mais ne va pas dans notre direction. Le succès est de courte durée, plus personne ne s’arrête. C’est dur de faire du stop à midi et demi. Nous attendons une demi-heure et nous sommes pris par une anglaise. Je monte dans le coffre au milieu des sacs. Nono tchatche pendant tout le trajet. Je choppe au passage quelques bribes qui m’aident à saisir en partie la conversation. Une chance de plus, cette anglaise va elle aussi à Girolata pour sa journée de repos hebdomadaire. A 14 heure nous entamons le chemin qui descend depuis le col de la croix. Vue extraordinaire sur les falaises rouges qui bordent la mer. Ici les plantes sans chlorophylle que nous avons vu partout ailleurs fleurissent jaune. Quel est donc leur nom ? Une halte déjeuner plus tard sur la seule crique du trajet et nous sommes au gîte du berger à 15h45. On nous ouvre le cabanon n°3 de pêcheur qui sent le renfermé. Je commande une bière et Nono un thé. Mon dieu que les conso sont chères. Et si j’avais mal compris le prix de la demi-pension annoncé au téléphone ? Un autre marcheur a lui aussi l’air surpris par ce qu’on lui réclame et demande le détail. Pas de Céline et Vincent en vue. Nous visitons le hameau. La tour est habitée et ne se visite pas. Très bonne observation d’une belette, et de vaches en gros, très gros plan. Entendu des cochons tout près et vu des mourons rouges (sortes de véroniques) des orobanches et ce qui semble être des chardons marie (silybum marianum). Retour à la terrasse du gîte. Nous sortons les livres et le carnet de voyage pour s’occuper. Tiens les voilà. Que s’est-il passé ? Ils essaye de nous faire croire l’espace d’une minute u’ils sont venus à pied. Je leur cède la place pour la suite du récit [Stéphane].

Quatre heures de stop en plus. Un allemand et sa femme ont eu pitié vers 17h00 : inespéré. Finalement tout finit bien. On rejoint nos deux tourtereaux pour le repas après une heure quarante cinq de marche en longeant la mer, superbe ! On a au moins appris l’existence de trois variétés de cistes (de Crête, de Corse et de Montpellier). Repas au gîte très panoramique : soupe de poissons, mostelle (petit poisson local)en résistance. Galéria (abusivement nommée Gélatéria par Vincent) est superbe et accueillante. [Céline et Vincent]

 

01-04-2003

En ce 1er jour du joli mois de mai, le beau temps était revenu sur l’île de beauté. Le brouillard et la pluie de la nuit avait fait place à un soleil radieux. Nous nous levâmes vers 8 heures pour aller déjeuner devant la mer. Céline, Vincent et Stéphane eurent le courage de se baigner dans l’eau claire du port. Moi, le froid me bloque quelque peu. Petite douche pour les baigneurs, 9h30 nous partons en direction de Galéria. [Nono]

Je reprends la suite … C’est une Longue bambée à travers le maquis qui nous attend. On observe des guêpiers en vol. Au premier col, le groupe décide de prendre le plus petit chemin qu’il trouve pour éviter l’exposition prolongée au soleil sur une crête de l’itinéraire normal. Le prix de l’ombre se fait très vite sentir. Sentier étroit égale nombreuses griffures aux jambes et matelas de sol portés sur les sacs en charpie. Repas de midi au pied d’un bel olivier dans les ruines d’une bergerie. Passage d’un col avec plusieurs croix et descente qui parait longue à certains jusqu’à Galéria. Arrêt au premier bar. Accueil très froid. On arrive à arracher suffisamment de mots au serveur pour comprendre que l’on peut se servir en eau au robinet de l’école, en face. On se décide enfin pour dormir dans la réserve naturelle que forme l’estuaire de la rivière. Nono découvre des fleurs jaunes qui poussent les pieds dan l’eau : des plagia fosculosus. Vincent tombe sur notre première serapia. On n’en verra que 5 ou 6 pieds. Deux de cordigera, le reste de lingua. On plante les tentes à l’abri des regards au bord de la rivière dans une zone très humide, puis on va faire un tour sur la plage de galets. On en ramasse quelques uns. Beaucoup de bruits la nuit mais peu de moustiques. Chants de grenouilles et de rainettes, petit duc, sangliers, souris, … Cette nuit inspire Céline qui écrit la suite de notre aventure…[steph]

 

02-04-2003

Nuit dans le marais derrière la plage. A cet endroit, le torrent Manzo s’est transformé en un petit estuaire avec une aigrette, un grand cormoran et des gravelots. La gravière est très bellederrière la plage avec une végétation typique : cistes rampants, choux, figues marines. Petite ballade avec Niels. Rencontre très agréable et charmante. Baignades sur la plage de Galéria. Nous avons été accompagné par des chiens tous l’après-midi. [Céline]

Je rajouterai sur cette journée que nous avons quitté la réserve assez tôt pour aller planter la tente dans le gîte de Galéria où nous avons été très bien accueillis par les patronnes. Nous avons ensuite retrouvé Niels, Titouan, Marie-Ange et Laurent à l’église où nous leur avions donné rendez-vous. Ils venaient en voiture de Moltifao de l’autre côté des montagnes. Nous avons ensuite bu un coup au bar, mangé tous ensemble sur la plage, attendu un hypothétique loueur de bateau (à qui Noëlle avait oublié de préciser que nous étions à Galéria et non pas à Calvi) puis nous nous sommes séparé jusqu’au soir. Nous avons gardé Niels avec nous pour une mini-rando, et il a remangé une glace, pendant qu’ils roulaient dans le haut de la vallée, vers Manso, pour y voir les orchidées qu’on leur avait indiqué. Le soir avant de récupérer Niels ils sont allés jeter un coup d’œil à la serapia parviflora qui poussait à l’entrée de notre tente. Le soir nous avons commandé un taxi pour le lendemain. Puis après une bonne douche, Vincent et Céline nous ont invité à prendre un apéritif sur la terrasse du gîte. Repas frugal aux tentes et nuit calme.

 

03-04-2003

Dernier jour sur l’île. Nous avons regardé la carte : à Calvi nous ferons une dernière petite ballade si on trouve un endroit où laisser les sacs. Le taxi nous dépose à 10h45 au pied de la citadelle et nous recommande un bar où déposer les sacs à dos. On grimpe donc plus léger jusqu’ à notre Dame de la Serra. Pique-nique avec vue sur la baie et la citadelle. Après une descente rapide nous allons nous baigner et faire une sieste sur la plage de sable fin. Cette fois ci l’eau est chaude et nous y entrons tous les 4 sans difficulté. Nous retournons en ville et nous faisons quelques achats. Des couteaux pour les filles et du vin et de la charcuterie corse au prix de l’or. Vincent et Céline se reposent au bar pendant que nous visitons la citadelle avec Nono. Puis, c’est l’heure d’embarquer (18h00). Belle traversée. Arrivée à Nice, toutes lumières dehors, vers 10h00. On retrouve la voiture une heure plus tard dans le collège et c’est la route tous les 4 jusqu’à Grenoble où Vincent et Céline ont leur train demain. Très vite tout le monde dort, sauf Nono qui trouve la force d’être éveillée par moment pour me tenir compagnie. Arrivée à la maison à 4 heure du mat.

Fin de très belles vacances.